L’interdiction de la fessée fait son retour dans le débat public
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé ce vendredi qu’elle s’engageait à soutenir une proposition de loi déposée par 29 députés visant à interdire les violences éducatives ordinaires.

Les mesures du Plan Pauvreté, préparées par la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, seront dévoilées le 13 septembre par Emmanuel Macron. - Ludovic Marin-AFP
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé ce vendredi qu’elle s’engageait à soutenir une proposition de loi déposée par 29 députés visant à interdire les violences éducatives ordinaires.
La fessée fait son retour dans le débat public. Ecartée de la loi “Egalité et citoyenneté” par le Conseil constitutionnel en janvier 2017, l’interdiction de la fessée pourrait bien être cette fois-ci actée pour de bon. Ce vendredi, la ministre de la Santé a en effet apporté son soutien à une proposition de loi déposée le 22 février par les députés Maud Petit (MoDem) et François Michel-Lambert (LaREM), et cosignée par 27 autres parlementaires de tous bords (hors FN), visant à inscrire dans le code civil le droit des enfants à bénéficier d’une “éducation sans violence”. Et donc à supprimer définitivement “le droit de correction” de la jurisprudence française.
“L’enjeu, c’est d’interdire les châtiments corporels”, a indiqué la ministre à l’occasion de la journée de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants, tout en précisant qu’elle allait “travailler avec les porteurs du projet de loi pour trouver une voie de passage”.
Il s’agit de “rejoindre les grands pays européens qui, pour la majorité d’entre eux, ont publié des lois qui interdisent les violences faites aux enfants dans le cadre de la famille”, a ajouté Agnès Buzyn. Avec ce texte, les députés espèrent ainsi interdire toutes les “violences éducatives ordinaires” qui regroupent notamment “la violence verbale (moqueries, propos humiliants, cris, injures…), la violence psychologique (menaces, mensonges, chantage, culpabilisation…) et/ou la violence physique (gifles, pincements, fessées, secousses, projections, tirage de cheveux, tapes sur les oreilles)”.
Si leur proposition ne prévoit pas de sanction pénale à l’encontre des parents réfractaires, les signataires assurent que seule une loi peut “permettre d’obtenir un changement rapide de l’opinion publique”, rapporte Le Parisien.
“Ça ne rend pas l’enfant plus obéissant, au contraire”
Le docteur Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les violences éducatives ordinaires, estime que les “violences éducatives” sont totalement contre-productives.
La fessée bientôt interdite par la loi ? La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, soutient la proposition de loi désirant interdire les “violences éducatives ordinaires” comme la fessée mais aussi la gifle ou le coup de pied aux fesses. Vingt neuf députés de touts bords portent ce texte qui insiste aussi sur l’inefficacité des châtiments corporels.
Aujourd’hui, 87% des enfants subissent quotidiennement des pratiques punitives. Et pourtant, elles seraient à l’origine d’une baisse de l’estime de soi et d’agressivité. Malgré ces chiffres, en France, aujourd’hui, “un droit de correction” est toujours reconnu par la jurisprudence.
“C’est important de ne pas lui faire peur et de ne pas lui faire mal”
Ce que regrette le docteur Gilles Lazimi, coordinateur des campagnes contre les violences éducatives ordinaires. Selon lui, il faut définitivement mettre fin à ces pratiques qui contreviennent au développement des enfants.
“Est-ce que vous pensez que c’est efficace de frapper un adulte ?”, demande-t-il rhétoriquement. “Frapper un enfant n’a pas de sens. Frapper un enfant jeune, car 50% des parents le font avant l’âge de deux ans, ça peut avoir une incidence sur son développement. Donc c’est important de ne pas lui faire peur et de ne pas lui faire mal”.
Le praticien estime que c’est même contre-productif pour les parents qui pensent rendre plus obéissants leurs enfants. “On sait que c’est néfaste, que c’est inefficace et que ce ne rend pas plus obéissant un enfant, au contraire”, conclut-il.
Source BFM TV